Quinze jours au Sinaï | Vous êtes ici : Accueil
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Titre
Quinze jours au Sinaï Au Caire, l'auteur détaille l'histoire de l'architecture égyptienne, évoque les particularités de la justice du pays, et retrace pour nous la campagne de Bonaparte en Egypte en 1798. Le petit groupe visite ensuite les pyramides de Sakkara, les ruines de Memphis, puis fait ses préparatifs pour le désert: l'achat de provisions, des outres pour l'eau, du tabac, du bois, du café, du sucre, de la pâte d'abricots séchés, des dates de la farine, une tente, etc. M. Taylor négocie pendant ce temps deux obélisques de Louxor et une «aiguille» d'Alexandrie. Le groupe a engagé pour guides un groupe de nomades du désert, de la tribu Oualed Saïd. Au départ du Caire, visite du cimetière, puis le narrateur nous présente les guides: le chef Toualeb, le bavard Béchara, le cuisinier Abdallah. Les Français apprennent douloureusement à chevaucher des dromadaires. La caravane entame la route du Caire à Suez, en plein désert, jusqu'au premier bras de la mer Rouge. Elle parvient aux fontaines de Moïse, l'endroit d'où les Hébreux ont traversé ce bras de mer, et où les Egyptiens, qui les poursuivaient, ont été engloutis par la marée montante; lieu où Bonaparte a bien failli se noyer, en 1798, en effectuant le chemin inverse. Le groupe met le pied sur la péninsule du Sinaï, et en chemin rencontre deux moines cénobites du couvent du Sinaï, dont le supérieur, qui leur fournit une indispensable recommandation écrite. Les voyageurs se perdent un temps dans la Vallée de l'égarement, y côtoient le vent et les reptiles, en sortent finalement et font halte au campement de la tribu des guides. Arrivés au couvent, qui n'a pas de porte, ils doivent y entrer par la voie des airs. Visite au mont Horeb, fameux mamelon du Sinaï, et séjour au couvent grec, à l'issue duquel le groupe est détourné par un nouveau groupe de guides, de la tribu d'Abou Mansour. Une rivalité féroce se joue entre les deux tribus pour avoir l'avantage de guider les Français. Arrivée à Suez, où le gouverneur de la ville exerce une justice impitoyable, à laquelle les guides échapperont de justesse. La caravane s'arrête à Damiette, puis Mansourah, noms qui fournissent à l'auteur l'occasion d'un récit détaillé de la croisade de Saint-Louis (Louis IX) en Egypte, en 1248: les batailles, la défaite, et la mort de ce roi à Tunis en août 1270. Le groupe fait ensuite ses adieux aux deux tribus réconciliées,
et navigue de Damiette à l'embouchure du Nil, vers le Proche-Orient. Adrien Dauzats occupe certainement une place toute particulière dans la liste des collaborateurs successifs de l'écrivain. Dumas cite son Album du voyage d'Orient dans l'une de ses œuvres maîtresses, Le comte de Monte-Cristo, et s'y réfère dans nombre d'autres de ses textes (Le capitaine Pamphile, La femme au collier de velours, Causeries, Mes mémoires). C'est dire la grande amitié qui liait les deux artistes, et l'admiration que Dumas a conservée pour ce grand voyageur. On ne peut entrevoir la toile de fond de cette collaboration sans évoquer la longue et complexe amitié qui a lié Dumas au baron Taylor (1789-1879), lequel a mis l'écrivain en relation avec Dauzats. Commissaire Royal près le Théâtre Français de 1825 à 1840, Taylor soutient courageusement la révolution romantique contre le classicisme établi; il permet la création à la Comédie Française de Henri III et sa cour, de Dumas en 1829; de Hernani, de Hugo en 1830; de Louis XI, de Delavigne en 1832. C'est avec la lecture de Christine à Fontainebleau, drame reçu en 1828 grâce à Taylor mais non joué, que débutent les relations de Dumas avec ce généreux protecteur, qui eût un rôle si déterminant dans l'histoire du mouvement romantique comme dans la vie de l'écrivain. Isidore Justin Séverin Taylor, dit le baron Taylor, est aussi un grand voyageur, et en cette période orientaliste il s'adjoint régulièrement Adrien Dauzats, peintre attitré de ses missions, notamment en Espagne et en Orient. Le voyage au Sinaï rédigé par Dumas n'est en fait qu'une partie d'une mission officielle, qui dura de mars à septembre 1830, en Egypte pour négocier l'acquisition de deux obélisques de Thèbes, puis en Syrie et Palestine. Dumas a eu le projet d'écrire la suite de ce périple: Jaffa, Beneth, Jérusalem, Le Carmel, le Liban, Damas, la Mer Morte. Mais Girardin, son éditeur de l'époque, ne donna pas suite. Taylor publiera en 1839 La Syrie, l'Égypte, la Palestine et la Judée considérées sous leurs aspects historiques, archéologiques et descriptifs. Témoignage de ces relations triangulaires, Dumas correspond avec Dauzats de 1834 à 1851, avec Taylor de 1828 à 1862. On retrouvera le détail de ces relations dans l'excellent ouvrage de Claude Schopp intitulé Frères d'armes de la révolution romantique, publié par la Fondation Taylor en 1993, qui comprend entre autres les lettres de Dumas à Dauzats et à Taylor conservées par la Société des Amis d'Alexandre Dumas. Ces deux personnages semblent avoir influencé Dumas dans ses décisions
de voyages, puisqu'ils l'ont précédé
en Espagne et en Afrique du Nord. En réalité, Dumas avait
en 1834 un grand projet d'exploration du bassin méditerranéen,
en compagnie de Taylor et de Dauzats, mais tous deux se sont mystérieusement
dérobés... |
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