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Titre Le marbrier

Année de publication 1854

Genre Théâtre

Collaborateur(s) Brunswick et Paul Bocage, d’après Kotzebue

Epoque du récit septembre 1850

Résumé Lorsque Clotilde de Gervais meurt à 16 ans, sa famille décide de taire la nouvelle à son père, parti aux États-Unis depuis de longues années, et sur le point de revenir. À la suite d'un quiproquo, de Gervais prend pour sa fille une jeune institutrice venue accompagner la famille sur le quai; on ne le détrompe pas (Acte I).

Cependant, alors qu'une idylle s'esquisse entre son fils Edmond et la jeune institutrice, de Gervais envisage de la marier à un négociant américain (Acte II). Devant les réticences de ses enfants, il se persuade qu'il existe entre eux une relation incestueuse. Mais quand survient le marbrier apportant la pierre tombale, tout s'explique. De Gervais retrouve une fille et Edmond une épouse (Acte III).

Analyse Joué au Théâtre du Vaudeville le 22 mai 1854, ce court drame en trois actes appartient à ce que Fernande Bassan appelle le «théâtre moderne» de Dumas; et, dans ce théâtre, il figure parmi ces pièces, souvent tardives, comme La conscience, jouée la même année, qui recourent à l'esthétique du drame bourgeois et esquissent ce que nous avons appelé déjà un dépassement du romantisme.

La pièce est inspirée d'August von Kotzebue (1761-1819), dramaturge allemand et agent secret russe qui fut pour cela assassiné par l'étudiant révolutionnaire Sand auquel Dumas et Nerval rendirent un hommage appuyé lors de leur fameux séjour à Mannheim de l'automne 1838. Il est pour le moins étrange qu'en dépit de ces circonstances, et après toutes ces années, et Nerval et Dumas aient manifesté de l'intérêt pour le personnage. Les historiens de la littérature reconnaissent cependant que Kotzebue, qui écrivit de très nombreuses pièces, influença notablement le théâtre français au XIXème siècle, de Scribe à Sardou.

Il est maintenant acquis que Dumas a pris part au drame Misanthropie et repentir, adapté par Gérard et joué à la Comédie-Française le 28 juillet 1855. Le Putnam's Monthly Magazine de New York, dans son volume II de juillet-décembre 1853, note: “Alexandre Dumas is at work on a translation of the dramas of Kotzebue. As he does not know a word of the original, he employs a German who puts it into French, after which our Alexander the Great comes in to polish and finish the job ”...

Comme les autres adaptations de Kotzebue par Dumas qui nous sont parvenues, Le marbrier est en effet passé par plusieurs mains: de Goritz a traduit le texte pour Paul Bocage, l'acteur, qui semble l'avoir revu avec son neveu Paul Bocage, l'écrivain, puis confié à Brunswick (Léon Lhérie) qui en établit une première version. Ensuite, Dumas récrivit complètement la pièce, comme cela se produisit souvent.

Centrée sur un problème privé, la perte d'un enfant, esquissant l'analyse psychologique d'un amour fusionnel d'un père pour sa fille, la pièce n'a pas vraiment de ressort dramatique (sauf ce quiproquo initial qui introduit en mineur le thème de l'inceste). Et elle échappe difficilement aux conventions du drame du siècle précédent, que l'on appelait indifféremment «bourgeois» (Diderot), «larmoyant» (Nivelle de La Chaussée) ou «moral» (Beaumarchais).

L'intérêt de l'œuvre, c'est qu'elle constitue une des facettes du retour en force de Dumas à la scène en cette année 1854, après une interruption de presque deux ans suite à la faillite du Théâtre-Historique: quatre pièces, dont trois inspirées d'un original allemand, Le marbrier donc, Romulus et La conscience, et la comédie historique La jeunesse de Louis XIV. Le retour de l'exil bruxellois par l'Allemagne n'y est peut-être pas pour rien.

François Rahier
(màj 2012)

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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