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Titre Mémoires d'une aveugle ou Madame du Deffand ou Les confessions de la marquise

Année de publication 1856-1857

Genre Roman

Collaborateur(s) Comtesse Dash

Epoque du récit 1697-1741

Résumé Sollicitée par ses amis intimes, la vieille marquise du Deffand, femme de lettres célèbre ayant tenu salon à Paris, devenue aveugle, se décide à dicter ses mémoires.

Marie de Chamrond, fille du comte de Vichy Chamrond, gentilhomme de Bourgogne, est destinée à la vie monastique et placée dès l'âge de six ans au couvent de la Madeleine du Traisnel à Paris. Passé l'innocence de l'âge tendre, elle prend conscience des contraintes sociales et se forge une opinion irrémédiable sur la religion et l'existence de Dieu qu'elle niera le reste de sa vie.

Forte de ce constat, elle refuse l'état monastique et entre dans le monde auprès de sa tante, madame de Luynes. Elle fait la connaissance du jeune Larnage, fils adultérin du duc du Maine, sans fortune et sans avenir. Après une idylle toute platonique qui inspirera Rousseau pour sa Nouvelle Héloïse, Mlle de Chamrond fait le choix d'un mariage d'intérêt; elle épouse, sans amour et sans illusion, le marquis du Deffand et fait sa véritable entrée dans la haute société.

Sa beauté et surtout la finesse de son esprit lui donnent rapidement accès aux hautes sphères de la cour: elle est reçue par Mme de Parabère, maîtresse du régent, mais également par la duchesse du Maine dans son château de Sceaux.

Afin de vivre plus pleinement et surtout plus librement, elle s'arrange pour éloigner son mari devenu trop encombrant. Commence alors une vie d'insouciance et de fêtes au cours de laquelle elle rencontre et côtoie les grandes personnalités de la première moitié du XVIIIe siècle: Voltaire et Mme du Châtelet; Philippe d'Orléans dont elle devient la maîtresse d'une nuit; la duchesse du Maine; Mme de Vintimille et sa sœur Mme de Mailly, toutes deux maîtresses du jeune Louis XV; Lauzun; Mme de Staal; la duchesse d'Estrées; etc... Une vie de plaisirs, d'amours et de frivolité symptomatique d'une époque révolue que la vieille marquise n'a de cesse de regretter.

Analyse Voici un livre fort décevant lorsque l'on connaît la puissance et la fougue des œuvres de Dumas. Ces Mémoires sont en fait un assemblage assez mal agencé de biographies et d'anecdotes, presque exclusivement amoureuses, qui ont marqué la Régence et les premières années du règne de Louis XV.

Une bonne raison à cela: ce livre est dû pour l'essentiel à la plume de la comtesse Dash, grande amie de Dumas, à qui il «offrait» sa signature afin d'accroître le potentiel commercial des ses ouvrages (voir par exemple La dame de volupté).

Si le style reste bon et permet de ne pas totalement délaisser l'ouvrage, la construction est fort laborieuse: pas ou fort peu de chronologie, des retours en arrière et des sauts dans le temps incontrôlés; des répétitions que Dumas impute à la vieillesse de la marquise (qui s'en excuse ouvertement) et au caractère peu travaillé du récit qui s'apparente alors à une sorte de cahier de souvenirs amoncelés selon les caprices de la mémoire.

Il est particulièrement difficile de se retrouver dans l'imbroglio des titres des différents personnages historiques presque totalement inconnus du commun des lecteurs qui se noie au milieu des Monseigneur et des Monsieur le duc ou Madame la marquise; une chronologie solide aurait permis de mieux s'y retrouver, mais elle est très déficiente.

A ne conseiller qu'aux fervents admirateurs de Dumas, voire aux inconditionnels de ces périodes historiques (qu'il convient alors de maîtriser parfaitement). Les autres ne liront pas plus de quatre ou cinq chapitres...

Delphine Dubois
© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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