Titre
Angèle
Année de publication
1833
Genre
Théâtre
Collaborateur(s)
Auguste Anicet-Bourgeois
Epoque du récit
1830-1831
Résumé
A Cauterets, station balnéaire des Pyrénées, Alfred
d'Alvimar est bien ennuyé: une révolution a eu lieu à
Paris, entraînant la chute des Bourbons. Les pensions, titres, légion
d'honneur qu'il avait acquis grâce à ses conquêtes
féminines sont réduits à néant. Tout est à
recommencer... Il jette donc son dévolu sur une jeune fille de
15 ans, Angèle, dont la mère est veuve d'un ancien ami du
nouveau ministre de la guerre.
Angèle, subjuguée par le charme d'Alfred et par l'assurance
de leur mariage prochain, lui cède une nuit. Mais c'est avec la
mère d'Angèle, la comtesse de Gaston, qu'Alfred retourne
à Paris, en donnant l'assurance à Angèle que ce voyage
est nécessaire pour leur bonheur à venir.
Quelques mois plus tard, Alfred a retrouvé sa légion d'honneur,
une pension, est en attente d'un brevet de nomination à un poste
de ministre, qu'une de ses anciennes maîtresses, Mme de Varcy, s'est
engagée à lui donner et doit se marier avec... la comtesse
de Gaston, la mère d'Angèle.
Mais l'annonce du mariage est retardée par l'arrivée inopinée
de la jeune fille en deuil de sa tante. Contrarié, Alfred l'est
encore plus quand il apprend qu'Angèle a instamment besoin d'un
médecin pour... accoucher. D'autant plus que le seul médecin
disponible est un ami d'Angèle et de sa mère, Henri Muller,
souffrant de maladie, amoureux d'Angèle et suspicieux quant aux
véritables intentions d'Alfred.
Toutefois, malgré les précautions prises pour qu'Henri ne
reconnaisse pas sa patiente, celui-ci se rend compte que c'est Angèle,
qui depuis des mois vit dans le remord, la honte, le chagrin. Sur les
instances d'Henri, la mère et la fille se font leurs confidences
et découvrent alors le double jeu d'Alfred. Ce dernier, apprenant
un nouveau changement de ministère qui augmente le crédit
de Mme de Varcy, se prépare à fuir.
La comtesse de Gaston le supplie d'épouser Angèle qui ne
mérite pas une telle honte. Il feint d'accepter, mais Henri, qui
veille, l'empêche de se dérober. Leur différent se
règle par un duel avec un seul pistolet chargé sur les deux.
Le sort laisse la vie à Henri qui épouse Angèle et
reconnaît l'enfant.
Analyse
Ce drame en cinq actes et en prose a été représenté
pour la première fois à Paris le 28 décembre 1833
au théâtre de la Porte Saint-Martin. Les deux premiers actes
se passent à Cauterets et les trois derniers à Paris.
C'est la révolution de juillet 1830, à laquelle Dumas a
pris part, qui sert de point de départ pour Alfred dans sa stratégie
de reconquête des avantages perdus du fait de la chute du précédent
ministère.
Dumas nous montre qu'avec des appuis bien placés on peut obtenir
toutes sortes d'avantages, quelle que soit sa valeur et quels que soient
les dirigeants en exercice. Ce qui valut à cette pièce d'être
censurée le 24 janvier 1838 lors d'une reprise à l'Odéon,
puis en 1855, pour ne réapparaître qu'en 1861.
Comme dans la pièce Richard
Darlington, le thème est l'arrivisme mais cette fois par l'intermédiaire
des femmes. L'utilisation d'une jeune fille innocente, confiante en la
vie, que son séducteur délaisse dès l'instant où
il trouve plus intéressant ailleurs, fait du personnage d'Alfred
un être assez détestable... mais avec des circonstances atténuantes.
C'est parce qu'il n'arrivait pas à retrouver sa fortune par des
moyens honorables qu'il est devenu désabusé, sceptique,
cynique... Mais la fin comporte quand même une note d'espoir avec
le dévouement d'Henri qui, même s'il ne vivra pas longtemps
heureux du fait de sa maladie, connaîtra et fera partager ce bonheur
à Angèle qui se rend compte bien tard qu'elle l'aime.
Il est à noter que Dumas s'est inspiré pour cette pièce
d'une de ses nouvelles Le
cocher de cabriolet écrite en 1832.
Nicole Vougny
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