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Titre Le comte de Moret ou Le sphinx rouge

Année de publication 1865-1866

Genre Roman

Collaborateur(s) -

Epoque du récit 1628-1630

Résumé En 1628, Louis XIII gouverne la France avec le cardinal Richelieu. Celui-ci doit faire face aux conspirations incessantes que fomentent la mère, la femme et le frère du roi (respectivement Marie de Médicis, Anne d’Autriche et Gaston d’Orléans). Le problème est que le roi, d’une santé fragile et n’ayant aucun goût pour sa femme, est toujours sans descendance.

Grâce à son réseau d’espions dévoués, Richelieu apprend que le comte de Moret, fils naturel d’Henri IV et de Jacqueline de Bueil, a porté des lettres aux deux reines et qu’il est tombé amoureux d’Isabelle de Lautrec, demoiselle d’honneur d’Anne d’Autriche, qui est plus ou moins promise à M. de Pontis.

Mais les deux reines, espérant amener Louis XIII à prendre goût aux femmes, font en sorte qu’il s’éprenne d’Isabelle. Celle-ci, effrayée de devenir l’instrument d’une intrigue, demande protection au cardinal. Ce dernier la renvoie auprès de son père à Mantoue et lui donne pour escorte le comte de Moret qu’il décide à ne plus conspirer.

Une fois cette mission accomplie et des serments échangés entre les deux jeunes gens, le comte de Moret s’illustre dans les armées commandées par Richelieu dans la guerre qui oppose la France au prince de Savoie.

Le comte étant chargé par le cardinal d’amener à la cour l’importante nouvelle de la prise de Pignerol, Anne d’Autriche en voyant sa beauté, se met à envisager de céder aux instances de son frère, roi d’Espagne, qui ne cesse de lui répéter qu’une reine n’a pas besoin d’un roi pour faire un héritier…

Analyse Le comte de Moret n’a jamais été publié ni en France ni en Belgique sous forme de livre avant 1948. Il a ensuite été publié à plusieurs reprises sous le titre Le sphinx rouge (surnom que donnait Michelet à Richelieu). C’est d’ailleurs sous ce titre, qui parait plus judicieux compte tenu de l’importance du personnage du cardinal dans cette histoire, que ce roman a été de nouveau publié en 2008, pour la première fois sous sa version intégrale, les éditions Kryos ayant en effet recoupé le manuscrit de Dumas avec les épisodes parus dans le journal Les Nouvelles.

C’est en 1865 que Jules Noriac, le directeur des Nouvelles, demande à Dumas de lui faire un feuilleton historique pour le lancement de son journal. Aimant beaucoup l’époque du règne de Louis XIII sous le ministère de Richelieu parce qu’intéressante par son aspect historique, pittoresque et social, Dumas a en outre été séduit par le mystère entourant la disparition du «jeune, beau, brave, élégant» comte de Moret. En effet, aucun historien ne sait ce qu’il est devenu après la bataille de Castelnaudary. A-t-il été tué ou, comme l’affirme une rumeur, est-il mort en ermite, très âgé?

Mais autant le dire tout de suite, cet excellent roman ne nous amène pas la réponse, nous laissant sur un goût d’inachevé, comme si le roman n’était pas terminé. Cependant, selon certains spécialistes, ce point de vue est injustifié puisque la fin du Comte de Moret, si l’on se réfère à la construction littéraire du roman, est similaire à celle des Trois mousquetaires

Il n’empêche que l’action s’arrête en 1630, alors que le comte de Moret a disparu en 1632. De plus, de nombreux points du roman restent sans réponse. La reine va-t-elle réussir à séduire le comte de Moret (et par là même susciter un doute quant à la légitimité de Louis XIV bien qu’il ne naisse qu’en 1638?), celui-ci va-t-il épouser Isabelle de Lautrec? Dumas nous a distillé des indices qui nous laissent penser que les choses ne vont pas être aussi simples ni pour les uns ni pour les autres.

A noter que les portraits historiques sont admirables, notamment celui de Richelieu présenté comme un travailleur infatigable, défenseur implacable des intérêts de la France et sachant faire preuve de mansuétude et de pitié, c'est-à-dire bien différent de celui que nous connaissions dans Les Trois mousquetaires.

Le comte de Moret, en digne fils de son père, avec sa grande bravoure mais aussi sa faiblesse envers les femmes est très attachant, de même que Louis XIII en homme faible et influençable, mais aussi en homme qui souffre.

Les multiples personnages secondaires qui ont tous leur rôle à jouer et l’action incessante font que ce livre est un vrai régal de lecture même si l’on éprouve aussi une véritable frustration à savoir qu’on ne lira jamais la fin…

A cet égard on peut cependant se reporter à un autre roman de Dumas, La colombe. Même s’il a été écrit en 1851 soit quatorze ans avant Le comte de Moret et ne peut donc en être considéré comme la suite, ce récit épistolaire couvre la période 1637-1638 et raconte la disparition du comte de Moret après la bataille de Castelnaudary.

Nicole Vougny

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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