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Titre Impressions de voyage - En Suisse

Année de publication 1833-1837

Genre Récit de voyage

Collaborateur(s) -

Epoque du récit 1832

Résumé Dumas quitte Paris en juillet 1832 pour aller, à pied, en barque et en carriole, effectuer un voyage en Suisse. Il en rapporte un récit où l'on suit son périple pas à pas, au fil des pages. On se retrouve en fait, avec ces Impressions, devant plusieurs livres regroupés en un seul:

- Un authentique carnet de voyage. L'auteur fait partager les impressions ressenties devant les paysages, l'immensité du décor et plus souvent encore devant les êtres croisés sur la route. Et des réflexions philosophiques sur la liberté, la justice, la religion... Dumas fait le récit de rencontres avec des êtres extraordinaires (et même avec quelques animaux), parfois simples paysans ou guides de montagne, d'autres fois célèbres, tels la reine Hortense et Chateaubriand. Toujours, le voyageur témoigne d'un grand respect et rend des hommages emplis d'émotions.

- Un guide touristique. Dumas fait découvrir la Suisse d'il y a près de 200 ans mieux que tout autre: paysages, lieux historiques, églises, routes à suivre, auberges, tout y est!

- Un livre de cuisine. Bien sûr, Dumas ne serait pas Dumas sans quelques notions gastronomiques dispersées çà et là... Il faut lire la description de l'horrible choucroute... ou alors, pour saliver, apprendre qu'il faut aller à Lausanne pour déguster les meilleures glaces.

- Un recueil historique. Toute l'histoire de la Suisse et d'une partie de la France est racontée en détails. Par exemple, tout le monde connaît Guillaume Tell... mais qui sait réellement son histoire? La voici racontée. Dans la foulée, on découvre la naissance de la Confédération suisse et celle de la Réforme; ailleurs, des récits de la préhistoire et de la conquête romaine. Et l'histoire quotidienne est aussi présente, par exemple à travers la relation des premières ascensions du Mont-Blanc.

- Un florilège de contes et légendes. Dumas est toujours friand de ces croyances, qu'il s'agisse de diables ou de fantômes.

- Des tranches de vie. Parfois très drôles, comme le récit de l'Anglais timide, ou bien tragiques comme le destin de Pauline, qui donnera naissance à un roman.

- Des tableaux de chasse, évidemment: Dumas livre des narrations absolument incroyables de chasses flattant la vanité du conteur...

Analyse Ces Impressions de voyage sont le premier très long récit de Dumas: il est frappant que l'on y trouve, en germe, tous les genres qui donneront plus tard naissance à ses grands succès.

Le terme «impressions» est on ne peut mieux choisi. Dumas est un impressionniste, avant même que l'on associe ce qualificatif aux peintres. Le journal de voyage est bien un recueil d'impressions, devant les êtres et la majestueuse nature. Dumas les dépose sur le papier, et donne envie au lecteur d'aller les vérifier sur place. Il est peintre à sa façon.

Et pourtant, modestement (et on sait que la modestie n'est pas sa principale qualité...), Dumas, dans une description presque féerique d'une vieille et de son fils, prétend qu'il faudrait être «Rembrandt pour fixer sur la toile, avec sa couleur ardente et son expression pittoresque, ce tableau bizarre». Mais la description qu'il en fait est si précise, elle laisse tellement ressentir la puissante poésie de la scène, qu'il n'est nul besoin d'un peintre pour en saisir davantage. Dumas est, réellement, un peintre des mots.

Ce qui donne davantage de valeur à ces récits, ce sont les réflexions philosophiques qu'ils éveillent chez Dumas. Dans la plupart des œuvres qui suivront, l'auteur s'éloignera régulièrement de l'histoire pour la commenter. Ici, plus que jamais, il laisse libre cours à ses pensées qui ne peuvent manquer de faire réfléchir le lecteur. Ainsi, quand Dumas découvre que la pêche et la chasse ne sont pas toujours des jeux, mais peuvent aussi, pour certains, être un dur travail, parfois mortel, il écrit: «C'est dans les hommes mêmes qu'elle veut faire libres que la liberté trouve ses plus grands obstacles». Ailleurs, méditant sur le deuil, Dumas constate: «... aux ailes de la poésie et de la religion, comme à celles des aigles, il faut la solitude et l'immensité». On ne peut passer sur de telles observations sans s'arrêter, sans chercher à aller plus loin.

Les Impressions de voyage n'ont pas à être lues page après page. On peut les prendre n'importe où, pour simplement goûter une partie de ce long itinéraire. On peut également, si l'on est impatient, sauter quelques pages pour retrouver plus rapidement un personnage attachant ou intrigant: par exemple, cet Anglais ou Pauline que Dumas croise à différents moments du voyage.

Il ne manque à ces pages, au bout du compte, qu'une carte routière, pour mieux suivre les traces de Dumas et rendre plus tangible cet étonnant périple.

Marie Douville
© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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