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De Paris à Cadix | Vous êtes ici : Accueil
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Titre
Dumas propose le voyage au peintre Louis Boulanger, à son collaborateur Auguste Maquet et à son fils Alexandre. Dumas emmène aussi Paul, surnommé Eau-de-Benjoin, un jeune domestique Abyssin qui a l'avantage de parler l'arabe et d'être déjà allé en Algérie. Train, diligence, le groupe atteint rapidement Bayonne où il opte pour la malle-poste. Célèbre jusque chez les douaniers, Dumas passe la frontière avec six caisses d'armes et de munitions! En Espagne, les étapes se succèdent avec des vicissitudes répétées: difficulté à trouver de quoi se sustenter dans les fameuses auberges espagnoles, manque de sommeil dû aux voyages nocturnes, moyens de transport improbables, chambres peu hospitalières, etc. Le groupe arrive finalement à Burgos, ville du Cid, puis s'installe à Madrid chez le libraire français Monnier. Là, Dumas retrouve Giraud et Desbarolles, qu'il invite à être du voyage. Les festivités du double mariage sont multiples: corridas royales racontées en détails, illuminations nocturnes, danses, musiques, combats, etc. Plus célèbre en Espagne qu'en France, Dumas est fait commandeur de Charles III par la reine. Après l'Escurial, le groupe visite Aranjuez, Tolède, et arrive en Andalousie, Jaén puis Grenade. Visite de l'Alhambra et du Généralife de Grenade. Le groupe assiste à une danse érotique de gitans, puis fuit Grenade pour échapper à une aventure judiciaire... Le voyage reprend jusqu'à Cordoue, par de périlleuses et inconfortables étapes. Dumas est attendu et trouve dans chaque ville un compatriote qui servira de guide et d'introducteur. La nuit à Cordoue, l'auteur explique comment on «plume la dinde», c'est-à-dire comment on fait la cour aux jeunes filles à travers les grilles des balcons. Le groupe s'enfonce ensuite dans la sierra Morena pour une chasse de trois jours avec des brigands. A Séville, Alexandre (le fils) a disparu, c'est le début d'une série d'épisodes romanesques et mystérieux qui inquiètent plutôt l'écrivain. Le groupe visite l'Alcazar, la Giralda, la manufacture de tabac, assiste à des danses traditionnelles qui enthousiasment l'auteur. Il est charmé par une jeune et pauvre danseuse nommée Carmen. A Cadix, où il n'y a «rien à voir», le groupe est délogé par les instances d'une femme légère qui le poursuit depuis Séville. Dumas raconte enfin comment le comte Julien, en 711, a livré l'Espagne aux Arabes pour se venger du roi don Rodrigue (Rodéric), lequel avait abusé de sa fille dona Florinde alors qu'il était en campagne militaire. Commandés par Tariq, les Arabes conquièrent Cordoue et Tolède. Les voyageurs s'embarquent finalement sur le vapeur mis à leur
disposition par l'armée. Dumas fils, lui, ne sera retrouvé
qu'au début du récit suivant, intitulé Le
Véloce. Vexé par un journal qui en fait « l'historiographe officiel de son altesse », Dumas boude et refuse de relater les festivités, dont nous avons pourtant un aperçu ici. C'est Amédée Achard qui s'en chargera. Le voyage conté ici est assez cohérent avec son époque: en plein période romantique et orientaliste, alors que les artistes, peintres puis écrivains séjournent en Afrique du Nord et s'y nourrissent de sensualité, l'Espagne est aussi une porte de l'Orient, et particulièrement l'Andalousie, qui porte encore les marques de sept siècles d'occupation arabo-musulmane. Notre auteur fait bien quelques efforts historiques qui rappellent ce passé ibérique, mais on est assez loin des voyages en Italie, où il se montre si savant en matière d'antiquité et de mythologie. Ces «pierres posées les une sur les autres, d'une manière plus ou moins capricieuse» semblent moins l'intéresser que par le passé. Non, ici Dumas n'est pas tout à fait dans son domaine, même s'il paraît plus à son aise que dans la partie africaine du séjour. Et puis l'auteur a quitté Paris précipitamment, sans préparation, laissant son théâtre en construction, son château de Monte-Cristo en cours d'achèvement, son Joseph Balsamo en cours de rédaction, et sa femme en Italie sans ressources! Ce seraient plutôt les aventures sensuelles de Dumas et de ses amis qui sont rapportées ici, et qui ne manquent pas de drôlerie à l'occasion. L'auteur s'enthousiasme notamment d'une manière touchante pour les danses andalouses et les corridas. Il s'agit bien d'impressions de voyages, rédigées ultérieurement d'après des carnets de notes prises en route (voir à ce sujet un article de Claude Schopp à paraître en 2007, quatrième trimestre, dans la Revue des sciences humaines, intitulé Fabrique d'impressions. Quatre jours à Alger; l'auteur a pu consulter les albums de voyage de Dumas écrits en Afrique). Les anecdotes concernant la cuisine, que les voyageurs doivent faire eux-mêmes dans les auberges, ne manquent pas de saveur. Au passage, on y lira une recette de salade sans huile et sans vinaigre, de Dumas lui-même. La broche et le rôti semblent être ce qui manque le plus aux voyageurs français de l'époque. On sera admiratif de la bonne constitution de ces voyageurs, pleins de vitalité même quand ils dorment dans des chambres-courant d'air, sont réveillés à toute heure, circulent de nuit sur des routes cahoteuses et pleines de dangers, sans aucune assurance de trouver de quoi se nourrir à l'étape. On y découvre aussi la fibre paternelle de Dumas, toujours inquiet mais compréhensif pour son fils, lequel a pourtant vingt et un ans et entamera sa carrière littéraire l'année suivante. Dumas fils disparaît sans cesse pour courir l'aventure amoureuse à Cordoue... Pour écrire, il faut d'abord vivre... L'ensemble des deux récits, Espagne et Afrique du Nord, prend une forme épistolaire dont Dumas s'explique au début du texte. Il s'adresse à une femme qui, d'après les éclaircissements de Claude Schopp, est probablement Delphine de Girardin, épouse du gérant de La Presse. Il serait dommage de se priver, en accompagnement de cette lecture, des
illustrations d'Eugène Giraud, reproduites dans l'édition
Somogy. |
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