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Le Véloce | Vous êtes ici : Accueil
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![]() Année de publication ![]() Genre ![]() Collaborateur(s) ![]() Epoque du récit ![]() Résumé ![]() ![]() Les voyageurs se rendent d'abord sur la côte méditerranéenne du Maroc: Tétouan, Mellila, Djemar'Azouat. Vient ensuite la Tunisie: Tunis, Carthage où se trouve le tombeau de Saint-Louis, ce qui donne à l'auteur l'occasion de nous conter l'histoire de ses croisades. Le voyage se termine par l'Algérie: Bône, Stora, Philippeville, El Arrouch, Constantine, Smindoux, Blidah et enfin Alger. Dans cette dernière ville, l'auteur et ses compagnons laissent Le Véloce et s'embarquent sur la frégate L'Orénoque. Ils partent pour Toulon le 3 janvier 1847. Outre les péripéties du voyage lui-même, l'auteur nous livre quantité d'anecdotes locales et de récits historiques, dont l'histoire de la récente conquête d'Alger par les Français et l'histoire des chasseurs de lions en Algérie. Il nous donne également un aperçu du regard «anthropologique» porté par les Français de l'époque sur les populations d'Afrique. L'ensemble du texte prend la forme d'une correspondance adressée à une dame française connue de l'auteur. Analyse ![]() Pour autant, il est difficile aujourd'hui de lire ce texte au premier degré. Notre auteur favori ne montre pas ici, à notre goût, l'humour et le recul historique et culturel qu'on lui connaît dans d'autres récits de voyages plus truculents, comme Le Corricolo ou Le Speronare. On sent que l'Afrique du Nord lui est trop exotique, et le mode de voyage adopté, en groupe et sur un bateau officiel, ne contribue pas à réduire cette distance. Dès le début, une joute de tir au fusil avec «le premier Arabe» qu'il rencontre, et qui tourne à l'avantage de l'auteur, a de quoi surprendre par son manque de modestie: «il était évident qu'il s'éloignait écrasé sous le poids de son infériorité», lance Dumas. Et quelques lignes plus loin: «Le Maroc tout entier était humilié dans la personne de son représentant». Cette anecdote donne à peu près le ton plutôt conquérant de l'ensemble de l'ouvrage. Le fait est que Dumas a été incité à entreprendre ce voyage au service d'une propagande coloniale lancée par le gouvernement français. Si la prise d'Alger est effective dès 1830, c'est seulement en 1840 qu'une colonisation est décidée. Le gouvernement cherche alors des artistes pour «faire connaître» l'Algérie aux Français et les inciter à y émigrer comme colons. C'est dans ce contexte que Dumas voyage aux frais du gouvernement, sur un bateau militaire, vivres, cuisinier et équipage fournis. On comprend mieux, à la lumière de ces éléments, la version quelque peu édulcorée que l'auteur nous offre de la conquête, et le sentiment de partielle cécité historique que nous procure sa lecture. Dumas insiste sur le caractère insupportable, pour les Européens de l'époque, de l'activité de piraterie à laquelle se livrait Alger, alors sous domination turque. C'est ainsi qu'il explique le blocus et la prise d'Alger. Mais il passe sous silence les motifs du fameux coup d'éventail que le dey d'Alger a donné au consul de Charles X, Deval, et qui a déclenché la guerre: trente ans de dettes impayées de la France à l'Algérie pour ses achats de blé. C'est cet incident diplomatique qui permet à la France de lancer sa conquête... et, si l'on en croit nos historiens actuels, de faire main basse sur un fabuleux trésor. Le Véloce a le mérite de nous offrir une intéressante description anthropologique des populations qui vivent alors en Algérie, telles qu'on les identifie à cette époque: les Berbères Kabyles et Chaouias, seuls autochtones; puis les Arabes, les Turcs, Koulouglis, Maures, Biskris, Mozabites, les Juifs et les Nègres. Mais cette description est à prendre avec beaucoup de précautions, car elle est contaminée, malgré l'érudition et l'histoire même de l'auteur, par une typologie physique raciste et des préjugés culturels qui aujourd'hui choquent. Il est vrai qu'on a plaisir à se laisser bercer par nombre d'anecdotes amusantes que l'auteur rapporte et par l'atmosphère orientale qu'il parvient tout de même à rendre. Une atmosphère qui l'a particulièrement séduit: rappelons pour l'anecdote que c'est ce voyage qui lui a donné l'idée de faire aménager dans son château de Monte-Cristo, alors en construction, un extraordinaire salon mauresque. Mais on peut être gêné par le patriotisme trop enthousiaste qu'il exhibe dès qu'il s'agit de l'armée conquérante et de ses héros. Au total, ce récit est donc à prendre avec des pincettes, pour compenser l'absence de recul de l'auteur lui-même. Jean-Michel Assan |
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