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Titre La Vendée et Madame

Année de publication 1833

Genre Roman

Collaborateur(s) -

Epoque du récit avril-novembre 1832

Résumé La Révolution de Juillet a placé sur le trône Louis-Philippe, cousin de Charles X et fils de Philippe-Egalité qui a voté la mort de Louis XVI. Charles X, frère cadet de Louis XVI, a fui la France avec son petit-fils, fils posthume du duc de Berry, qu'il croyait devoir lui succéder sous le nom d'Henri V. Pendant un temps, les membres de la famille royale, et avec eux tous les royalistes légitimistes de France, espèrent : à tout prendre, mieux vaut une monarchie dirigée par un Orléans plutôt que tout autre régime.

Ils sont rapidement déçus, Louis-Philippe n'est pas roi de France, mais roi des Français et son autorité repose sur la Charte octroyée par la Chambre des députés. Outrée, Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, duchesse de Berry, mère d'Henri V, décide d'intervenir. Elle pense pouvoir par sa seule présence, soulever les masses mécontentes et placer son fils sur le trône de France.

Marie-Caroline débarque à Marseille dans la nuit du 28 au 29 avril 1832, mais la révolte massive espérée n'est pas au rendez-vous. Qu'à cela ne tienne, elle se rend directement en Vendée où elle pense trouver les forces royalistes nécessaires à son projet.

Exsangue, ne disposant plus que de fusils rouillés et de poudre éventée ou humide, la Vendée de 1832 n'est plus celle de 1793. Quarante années de guerres civiles, de colonnes infernales et de régimes politiques divers ont eu raison de ses forces. Les pièces se sont déplacées sur l'échiquier européen, l'Angleterre n'est plus aussi encline à soutenir l'ancienne province monarchiste ; d'ailleurs la duchesse de Berry elle-même répugne à faire intervenir Guillaume IV qui pourrait se montrer trop gourmand. A cela s'est ajoutée la vente des biens nationaux qui a permis aux Vendéens de devenir propriétaires ; ces derniers n'ont aucunement intérêt à ce que l'Ancien Régime soit restauré.

Louis-Philippe, qui surveille de près la Vendée, envoie des hommes prêts à intervenir. Le général Paul Dermoncourt est personnellement chargé du maintien de l'ordre en Vendée. Mise en garde, Marie-Caroline refuse d'abandonner la partie : elle a allumé la révolte, elle ira jusqu'au bout, qu'importent les conséquences.

Très rapidement, les quelques escarmouches vendéennes sont étouffées, et l'équipée héroïque de la duchesse de Berry se transforme en fuite romantique. Madame se cache, se déplace sous couvert des nuits sombres dans les chemins creux du bocage ; elle compte sur ses amis et sur l'attachement de la noblesse pour l'antique monarchie. Elle sera finalement trahie et arrêtée le 8 novembre 1832.

Analyse Lors de sa publication à l'automne 1833, le livre est signé par Paul Dermoncourt en personne. Or, des passages des Mémoires, entre autres éléments, prouvent que le général n'a pas lui-même rédigé ses mémoires et que c'est bien Dumas qui en est l'auteur. Cette affirmation est d'ailleurs confirmée par le style si familier de Dumas.

S'il n'est pas l'auteur véritable, Dermoncourt est le héros de ce roman. Dumas est très attaché au général qui fut aide de camp de son père, lequel avait d'ailleurs été nommé général en chef des armées de l'Ouest en 1794. Homme de cœur et d'honneur, il est aux antipodes des Républicains envoyés par la Convention pour réprimer la Vendée de 1793 (le général Dumas, constatant les exactions commises par les Républicains, donnera sa démission en octobre 1794). C'est un "personnage" attachant et noble qui saura gagner la confiance de Madame.

L'épopée de la duchesse de Berry est par nature un sujet romanesque, l'ensemble est très agréable à lire mais les subtilités de l'intrigue sont parfois difficiles à suivre. Rédigé quelques mois après les événements à l'aide des notes du général Dermoncourt, Dumas écrit pour un public familier des faits qu'il relate ; les imbrications politiques, les vices et vertus des protagonistes sont connus des contemporains, nul n'est besoin d'entrer dans le détail (le livre fut d'ailleurs un succès). Ce n'est pas aussi évident pour le lecteur du XXIème siècle. Si ce livre peut être qualifié de roman, Dumas cherche également à rédiger un témoignage qu'il veut le plus fidèle possible à la réalité historique. Pour cela, il truffe son récit de références précises à des documents originaux qu'il cite in extenso dans le corps même du livre ou en annexes.

Un point amusant. Dumas s'offre le luxe de se citer lui-même au début du roman quand Dermoncourt parle de la mission d'organisation de la garde nationale en Vendée confiée à M. Alexandre Dumas en 1830.

Delphine Dubois

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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