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Titre Mes mémoires

Année de publication 1852-1856

Genre Mémoires

Collaborateur(s) -

Epoque du récit diverses

Résumé La notion de résumé n'a guère de sens, s'agissant des milliers de pages - dix volumes dans la collection Lévy! - des Mémoires écrites par Dumas. Tout au plus peut-on énumérer rapidement les principaux thèmes abordés successivement par l'auteur.

Dans cet ouvrage censé retracer l'ensemble de sa vie, Dumas commence tout naturellement par raconter sa naissance. Les premiers mots de l'œuvre sont ainsi: «Je suis né à Villers-Cotterêts, petite ville du département de l'Aisne...». Mais c'est pour mieux se lancer dans une biographie de son père, le général Dumas, qui comprend pas moins d'une quinzaine de chapitres.

Dumas passe ensuite à sa petite enfance, dominée, là encore, par la présence de son père. Ce qui l'amène rapidement à décrire le grand drame qui a marqué la vie entière du futur auteur de Monte-Cristo: la mort de ce père tant admiré.

Viennent ensuite les récits de l'enfance et de l'adolescence à Villers-Cotterêts: les études au collège de l'abbé Grégoire, les grands «figures» de l'entourage de Dumas, la forêt, la découverte de la chasse... L'adolescence est marquée par les premières amours, la rencontre d'Adolphe de Leuven, qui initie le jeune provincial à la littérature et en fait son «collaborateur».

Puis ce sont les débuts de la «vie professionnelle» du futur écrivain... en tant que clerc de notaire. Vient ensuite le premier voyage à Paris et la rencontre avec l'acteur Talma.

Avec le chapitre LXXI, Dumas aborde son installation à Paris: son recrutement dans les bureaux du duc d'Orléans, sa recherche d'un logement, sa découverte de la vie littéraire et théâtrale. De nombreux chapitres sont consacrés à cette dernière, avec des évocations de personnalités comme Charles Nodier, Frédéric Soulié, Casimir Delavigne, etc... Les Mémoires de Dumas abordent également la vie politique de l'époque: mort de Louis XVIII, sacre de Charles X...

L'auteur en arrive ensuite à ses véritables débuts littéraires: écriture de la pièce Christine, sa soumission au Théâtre-Français. Viennent ensuite l'écriture d'Henri III et sa cour et sa première représentation. En parallèle à ses débuts dans la littérature, Dumas raconte ses déboires avec son employeur, le duc d'Orléans.

Les Mémoires évoquent alors abondamment le mouvement romantique auquel appartient Dumas, avec en particulier plusieurs chapitres consacrés à Victor Hugo et à la première d'Hernani. De nombreux chapitres permettent à l'auteur de livrer une véritable chronique de la vie parisienne, incluant les événements politiques, les duels, les figures artistiques, etc...

Arrive alors la révolution de 1830, abondamment traitée. Le récit de Dumas inclut aussi bien le contexte politique et social de l'événement que le rôle personnel qu'il y a joué, jusqu'à son expédition à Soissons pour y récupérer de la poudre, suivie d'une mission en Vendée.

Une fois la révolution passée, Dumas est de plus en plus lancé dans la vie parisienne, sur tous les plans. Il décrit pêle-mêle ses relations avec le roi Louis-Philippe, son entrée dans la garde nationale ou l'écriture de sa pièce Antony. L'effervescence continuelle de la vie politique des années 1830 est longuement évoquée par Dumas, qui consacre ensuite plusieurs chapitres à Antony et à son succès.

Une escapade normande permet à l'auteur de décrire Trouville, avant de revenir à la chronique du mouvement romantique, avec notamment des chapitres dédiés aux peintres Horace Vernet ou Eugène Delacroix.

Alors au sommet de sa popularité en tant qu'auteur dramatique, Dumas donne un grand bal rassemblant le tout Paris. Cet événement fait l'objet de plusieurs chapitres des Mémoires.

L'écrivain raconte ensuite comment il commence à s'intéresser à l'histoire de France, avant de traiter de ses difficiles relations avec Gaillardet, auteur de la pièce La tour de Nesle, et du duel qui en résulte.

Puis Dumas décrit son voyage en Suisse (qui fait par ailleurs l'objet du récit de voyage En Suisse). Les derniers chapitres des Mémoires sont consacrés, enfin, à des chroniques de l'actualité politique (tentative de Restauration menée par la duchesse de Berry...) et à des évocations de personnalités comme George Sand et Eugène Sue.

Le chapitre 264 se termine pas les mots suivants: «Et maintenant, nous demandons à nos patients et fidèles lecteurs la permission de clore provisoirement ici la série de nos Mémoires. Plus tard – si l'accueil qui leur est fait répond à notre attente, et que Dieux veuille bien nous prêter vie - nous reprendrons notre plume de chroniqueur, avec l'espoir de fournir de nouveaux et curieux matériaux à l'histoire véridique de notre temps».


Analyse Cette promesse des dernières lignes de l'ouvrage n'aura pas été tenue – et c'est infiniment dommage. Car dans l'œuvre immense de Dumas, Mes mémoires tient une place à part, la première, tout simplement, selon bon nombre de ses admirateurs.

Le lecteur des romans de Dumas a certes l'habitude de voir l'écrivain se mettre en scène, évoquer à l'occasion un souvenir personnel ou situer une action dans les environs de Villers-Cotterêts pour raconter une anecdote de son enfance. Mais nulle part, bien évidemment, Dumas n'est aussi présent que dans ses propres mémoires.

Tout lui est prétexte à des évocations sensibles, pleines d'une vie stupéfiante, qui font revivre famille, amours, amis et ennemis, et toute une époque. Les morceaux de bravoure se succèdent: chronique d'une petite ville de province, passion pour la chasse et la nature, découverte de Paris par un jeune provincial ignorant... Les pages des Mémoires consacrées à la révolution romantique font comprendre mieux que n'importe quelle histoire littéraire la violence des affrontements et l'intensité des passions. Quant au fameux bal, qui marque peut-être l'apothéose du triomphe de Dumas dans la vie parisienne – bien avant qu'il ne devienne auteur de romans à succès – c'est un morceau d'anthologie qui en dit plus long sur l'auteur que nombre des biographies qui lui ont été consacrées.

Car tout au long de ses Mémoires, Dumas pratique à la perfection un art auquel il aura consacré beaucoup d'efforts: la mise en scène de sa propre légende. Quitte à enjoliver la réalité, l'écrivain se raconte comme il voudrait qu'on le voie. Mais le tout avec une telle vitalité, une telle bonne humeur, un tel esprit que le lecteur est emporté par cette verve intarissable. Car pour ne rien gâter, c'est peut-être dans ces volumes que l'écriture de Dumas est à son sommet – mis à part les derniers chapitres où il se met, comme souvent, à tirer à la ligne.

On ne peut que rêver à ce qu'aurait été la chronique des décennies suivantes, si Dumas avait continué son œuvre. Reste qu'avec Mes mémoires telles qu'elles sont, le lecteur peut se laisser pénétrer comme jamais d'un sentiment d'intimité avec ce grand enchanteur du XIXème siècle.

Patrick de Jacquelot

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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