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Parvis du Panthéon, Samedi 30 novembre 2002, 19 heures

Introduction
Lue par Marcel Bozonnet

Quelque chose nous a-t-il précédé ?
Quelque chose doit-il nous survivre ?
Ce qui nous précède devine-t-il nos affections ?
Ce qui nous succède se souvient-il ?
Ce quelque chose enfin peut-il revêtir un aspect visible quoique impalpable ; agissant quoique immatériel ?

L'homme de désir
Lu par Catherine Samie

« Mon premier désir est toujours illimité ; ma première inspiration est toujours pour l'impossible. Seulement comme je m'y entête, moitié par orgueil, moitié par amour de l'art, j'arrive à l'impossible ».

« Que je suis heureux ! Tu m'as enfin compris, tu sais ce que c'est d'aimer puisque tu sais ce que c'est que la jalousie... Connais-tu quelque chose de pareil, et ces imbéciles de faiseurs de religion qui ont inventés un enfer avec des souffrances physiques, qu'ils se connaissaient bien en torture ! Cela fait pitié un enfer où je te verrais continuellement dans les bras d'un autre. Malédiction cette pensée ferait naître le crime, Mélanie, ma Mélanie, je t'aime comme un fou, plus qu'on aime la vie, car je comprends la mort et je ne puis comprendre l'indifférence pour toi. Mille baisers sur tes lèvres et de ces baisers qui brûlent, qui correspondent par tout le corps, qui font frissonner et qui contiennent tant de félicité qu'il y a presque de la douleur. »

L'homme d'action
Lu par Marcel Bozonnet

« En arrivant au pont de la Révolution, je m'arrêtai tout étourdi, croyant avoir mal vu et me frottant les yeux : le drapeau tricolore flottait sur Notre-Dame !
J'avoue qu'à la vue de ce drapeau que je n'avais pas revu depuis 1815, je sentis une étrange émotion s'emparer de moi.

Je m'appuyai contre le parapet, les bras tendus, les yeux fixes et mouillés de larmes.

Du côté de la grève, éclatait une vive fusillade, et la fumée s'élevait en épais nuages.

La vue de mon fusil rallia autour de moi une douzaine de personnes. Deux ou trois avaient des fusils : les autres avaient des pistolets et des sabres.

- Voulez-vous nous conduire ? voulez-vous être notre chef ? dirent ces hommes.
- Je le veux bien, répondis-je. Venez !

Les tambours de la garde nationale commençaient à battre le rappel. Notre petite troupe faisant noyau : à la rue du Bac, j'avais cinquante hommes, deux tambours et un drapeau.

Le 9 juin, je lus dans une feuille légitimiste, que j'avais été pris les armes à la main, à l'affaire du cloître Saint-Merri, jugé militairement pendant la nuit, et fusillé à trois heures du matin. On déplorait la mort prématurée d'un jeune auteur qui donnait de si belles espérances !

La nouvelle avait un caractère si authentique ; les détails de mon exécution, que j'avais supportée, au reste, avec le plus grand courage, étaient tellement circonstanciés; les renseignements venaient d'une si bonne source, que j'eu un instant de doute. Je me tâtai. Pour la première fois, le journal disait du bien de moi : donc, le rédacteur me croyait mort.

Je lui envoyai ma carte, avec tous mes remerciements.

En outre, j'étais prévenu par un aide du camp du Roi ,que l'éventualité de mon arrestation avait été sérieusement discutée. On me conseillait d'aller passer un mois ou deux à l'étranger, puis de revenir à Paris : à mon retour, il ne serait plus question de rien.

L'homme de don
Lu par Catherine Samie

Cher ami,

Il y a du vrai dans ce que vous dites, et beaucoup : oui, j'aime les gens qui ont eu des malheurs, et surtout ceux qui en ont encore. C'est même ceux là, je l'avoue, que j'aime le mieux !

Ceux qui ont eu des malheurs, et qui sont redevenus heureux, ont bien assez d'amis sans moi, et peuvent par conséquent se passer de moi.

Mais ceux qui sont encore malheureux! ceux-là ont besoin qu'on les aime, et peut-être plus encore, ont besoin d'aimer.

D'ailleurs, en moi ce n'est point une affaire de raisonnement ou de calcul, c'est une impulsion de tempérament.

J'ai une suprême pitié pour ce qui est faible, un indicible amour pour ce qui souffre.

J'essaie de soutenir toute chose, de consoler toute âme qui pleure.
Depuis que j'ai mon libre-arbitre, je me suis éloigné des puissants pour passer ma vie avec les exilés.

En général, on fait le bien, non pas dans l'espérance d'en être récompensé par la reconnaissance de ceux qu'on oblige, mais parce que faire le bien est une question pure et simple de tempérament, et qu'à certaines organisations, il est aussi impossible de ne pas faire le bien qu'à l'arbre de ne pas fleurir, qu'à l'eau de ne pas couler...

J'ai la prétention d'appartenir par tempérament à cette classe d'imbéciles qui ne sait refuser.

L' homme de liberté
Lu par Marcel Bozonnet

Michelet, mon maître, me disait un jour : « vous avez plus appris d'histoire au peuple que tous les historiens réunis ». Et ce jour là, j'ai tressaillis de joie jusqu'au fond de mon âme ; ce jour là j'ai été orgueilleux de mon œuvre.

Apprendre l'histoire au peuple, c'est lui donner ses lettres de noblesse.

C'est lui dire que quoiqu'il ait existé comme commune, comme parlement, comme tiers, il ne date réellement que du jour de la prise de la Bastille.

La noblesse du peuple date du 14 juillet.

Il n'y a pas de peuple sans liberté.

Lu par Catherine Samie

Ô liberté, grande et sublime déesse, seule reine que l'on proscrit, mais qu'on ne détrône pas !

Tous ces hommes avec ces fusils, ce sont tes enfants n'est-ce pas ?

Il y a huit jours, ils étaient tristes et avaient la tête courbée.

Ils sont gais, ils ont la tête haute.

Ils sont libres ! Et ceux-là, avec des blouses rouges, qui courent ça et là à cheval, à pied, qu'on embrasse, dont on serre les mains, à qui l'on sourit : ceux-là, ce sont les sauveurs ; ceux-là, ce sont les héros !

Lu par Marcel Bozonnet

Citoyens, c'est la troisième fois que nous plantons, depuis 50 ans un arbre pareil à celui-ci.

La première fois, c'était en 1789, il représentait la Liberté.

La seconde fois, c'était en 1830, il représentait l'Egalité.

La troisième fois, c'est en 1848, il représente à la fois la Liberté, l'Egalité et la Fraternité.

Citoyens, vous avez planté le symbole : il vous reste maintenant à consolider la chose.

N'oubliez pas que les libertés sont comme les arbres : c'est par la racine qu'elles reprennent.

Vive la République !


Lire les fiches sur les musiques de l'oratorio et l'iconographie des quatre tableaux.

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