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Titre Les frères corses

Année de publication 1850

Genre Théâtre (drame fantastique, en trois actes et cinq tableaux)

Collaborateur(s) E. Grangé et X. De Montépin

Epoque du récit Contemporaine (22-26 mars 1841)

Résumé Alfred Meynard, parisien de passage en Corse, rend visite à Mme dei Franchi pour lui donner des nouvelles de son fils Louis qui vit à Paris. Quand il rencontre Fabien, le frère jumeau de Louis, le voyageur est surpris de l'étrange ressemblance entre les deux jeunes gens. Il assiste, amusé, à la fin d'une vendetta : sous les auspices du juge de paix, Fabien pourtant fier des traditions de son peuple arbitre la réconciliation de deux familles qu'une vendetta meurtrière oppose depuis près de quinze ans. Mais Alfred s'étonne aussi des inquiétudes qui assaillent Fabien : les jumeaux sont en effet étrangement liés, chacun ressentant le moindre sentiment de l'autre. Or, le même soir, Louis ensanglanté apparaît à Fabien qui a également la vision du duel au cours duquel son frère a trouvé la mort (Acte I). Quelque temps auparavant, à Paris, au bal de l'Opéra, Louis dei Franchi essaie d'arracher Émilie de Lesparre à l'influence de Château-Renaud. Attirée par Château-Renaud à un souper de demi-mondaines, Émilie demande la protection de Louis. Château-Renaud le provoque en duel. Louis est tué et apparaît à son frère (Acte II). Cinq jours plus tard Château-Renaud et Fabien se rencontrent à l'improviste sur le terrain même où Louis a été tué. Fabien le provoque et le tue. À la fin Louis apparaît une dernière fois et donne rendez-vous à son frère "là-haut" dans le ciel (Acte III).

Analyse Adaptée par Eugène Grangé et Xavier de Montépin du récit éponyme de Dumas publié en 1844, cette pièce fut créée au Théâtre-Historique le 10 août 1850. Dumas ne signe pas mais Maurel - et Reed plus tard - y reconnaitront sa main. Après Pauline (concoctée par les mêmes) et La Chasse au Chastre, c'est une des dernières productions dumasiennes a être donnée au Théâtre-Historique, qui fermera ses portes peu après la création du Capitaine Lajonquière, nouvelle version d'Une fille du Régent demeurée inédite, le 23 septembre 1850. Assez fidèle à l'original, à quelques détails près (disparition du personnage de Dumas, changement du nom de Lucien - dans le roman - en celui de Fabien, choix des armes différents, rajout de l'intermède grotesque un peu long du bûcheron de la forêt de Fontainebleau au début de l'acte III), la pièce accentue le côté fantastique d'une manière assez spectaculaire, ce qui lui vaut sans doute la dénomination de "drame fantastique" qu'on ne retrouve qu'une seconde fois chez Dumas, pour Le Vampire, en 1851. En fait, le deuxième acte (et ses trois tableaux) constituent un véritable flash-back avant la lettre offrant au spectateur la vision hallucinée des événements ayant précédé le duel dont on revoit la fin avant que le rideau ne s'ouvre à nouveau sur un décor identique, Fabien et sa mère, en Corse, devant une horloge arrêtée depuis le matin à 9h10, l'heure de la mort de Louis. Trouvaille cinématographique anticipant sur les nombreuses adaptations ensuite au grand écran (Claude Aziza en recense dix-sept), toutes plus infidèles les unes que les autres au petit roman qui en est à l'origine, récit de voyage riche en anecdotes d'une précision presque ethnographique dont Dumas est le narrateur, un narrateur prêtant complaisamment l'oreille aux croyances locales et toujours à l'affut d'un ressort romanesque, mais fidèles à l'esprit du roman d'aventures qu'il insuffla à tous ses ouvrages. Reed cite une adaptation dramatique des Frères corses (du roman vraisemblablement plus que de la pièce) par… Fenimore Cooper, jouée à Londres vers 1852, un étonnant hommage qui constitue aussi un juste retour des choses ! La pièce n'eut qu'une édition, à la Librairie théâtrale en 1850.

François Rahier

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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