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Titre Les mille et un fantômes

Année de publication 1849 

Genre Nouvelles

Collaborateur(s) Paul Bocage, Paul Lacroix

Epoque du récit contemporain

Résumé Les mille et un fantômes est à la fois le titre d'un récit «à tiroir» enchaînant plusieurs contes fantastiques, et celui d'un recueil comprenant, outre le texte qui vient d'être cité, les nouvelles suivantes : La femme au collier de velours, Les mariages du père Olifus, Le testament de M. de Chauvelin, Un dîner chez Rossini, Les gentilshommes de la Sierra-Morena et Le lièvre de mon grand-père. Cette notice porte sur le récit Les mille et un fantômes proprement dit. Les autres nouvelles sont traitées séparément.

Lors d'une partie de chasse à Fontenay-aux-Roses, Alexandre Dumas, qui ne s'amuse guère à arpenter les chemins, rentre en ville juste à point pour y être témoin d'une horrible tragédie: un homme ayant assassiné son épouse est venu se rendre spontanément au maire, M. Ledru. Il faut dire que le pauvre bougre a une bonne raison d'être terrorisé. Alors qu'il vient de décapiter sa femme à l'aide d'un sabre, la tête de la malheureuse a roulé vers lui et a affirmé qu'elle était innocente!

Le soir même, Dumas est invité à dîner par le maire. Les autres convives vont tour à tour raconter une expérience effrayante que chacun a vécue, chaque histoire composant un chapitre. Toutes sont plus terrifiantes les unes que les autres et traitent du même sujet: la vie ne s'arrête pas forcément avec la mort, surtout si cette dernière fut violente ou injuste.

Les premiers chapitres sont consacrés à l'introduction et au début du dîner. Le soufflet de Charlotte Corday évoque la capacité des guillotinés à survivre quelques instants à leur exécution: la tête de Charlotte, giflée par un bourreau indigne, rougit sous l'affront. La nouvelle suivante, découpée en deux chapitres (Solange, puis Albert) reprend le thème des guillotinés: un amoureux qui recueille les derniers mots de sa fiancée exécutée en fera la cruelle expérience.

Dans Le chat, l'huissier et le squelette, un criminel, sous les trois formes précitées, revient hanter son juge, qui finira par mourir sous le poids de cette malédiction. Dans Les tombeaux de Saint-Denis, le cadavre profané du roi Henri IV se venge bien cruellement de l'ouvrier indélicat qui l'a offensé. L'Artifaille, un bandit sans scrupules, pendu pour ses méfaits, finira par retrouver la paix grâce à la médaille de la vierge que lui a donné un brave abbé.

Enfin, les derniers chapitres (Les monts Carpathes, Le château de Brankovan, Les deux frères, Le monastère de Hango) sont consacrés à une étrange histoire, celle d'une femme désirée par deux frères, dont l'un est un vampire, dans les monts Carpathes. Une lutte fratricide et le sacrifice d'une vie lui permettront d'échapper à son funeste sort...

Analyse Voici un des rares ouvrages de Dumas consacré au fantastique. Il a été publié à de nombreuses reprises, mais à géométrie variable, avec tout ou partie des histoires comprenant l'ensemble de l'œuvre. Certains des récits les plus longs (La femme au collier de velours, Les mariages du père Olifus, Le testament de M. de Chauvelin) ont parfois été édités à part, ou combinés avec d'autres textes... Il est d'autant plus facile de s'y perdre que des éditions de poche se sont permis de reprendre quelques nouvelles pour des thèmes précis, tels que les vampires ou les sorcières.

Reste que le récit Les mille et un fantômes lui-même se distingue par l'originalité de sa construction, où chaque chapitre compose une histoire. L'idée du dîner où chaque convive donne son propre récit n'est pas neuve en elle-même mais Dumas sait accrocher l'attention. Il nous donne donc là une série de contes macabres réussis, à l'atmosphère angoissante, où il déploie toute son habileté d'auteur dramatique.

Les clins d'œil à d'autres auteurs fameux, sont nombreux : Jacques Cazotte et son Diable amoureux, Walter Scott (qui écrivit des histoires de fantômes), Burger et la ballade de Lenore, Goethe, Polidori et son Vampire...

Dumas a écrit ces contes alors que le genre s'essoufflait. La raison? La nostalgie des temps anciens et des légendes. Mais laissons parler le maître: "...Aussi, que fais-je? Je vis avec les morts beaucoup, avec les exilés un peu. J'essaie de faire revivre les sociétés éteintes, les hommes disparus, ceux-là qui sentaient l'ambre au lieu de sentir le cigare; qui se donnaient des coups d'épée au lieu de se donner des coups de poing... Voilà pourquoi ma voix, écho du passé, est encore écoutée dans le présent, qui écoute si peu et si mal".

Sylvie Cardona

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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