Périnet Leclerc Vous êtes ici : Accueil > Œuvre > Dictionnaire des œuvres
Page précédente | Imprimer

Titre Périnet Leclerc ou Paris en 1418

Année de publication 1832 (Barba)

Genre Drame historique en cinq actes [et sept tableaux] (Porte-Saint-Martin, 3 septembre 1832)

Collaborateur(s) Anicet-Bourgeois et Lockroy

Epoque du récit 1418

Résumé Le chevalier de Bois-Bourdon et Périnet Leclerc, un jeune bourgeois, s'introduisent de nuit au château de Vincennes, le premier pour rejoindre la reine Isabeau sa maîtresse, le second pour libérer sa fiancée Marie, enlevée à ses parents adoptifs par le comte Bernard d'Armagnac, connétable de France, et mise au service de la reine pour l'espionner. Profitant de la folie du roi Charles VI, le connétable fait arrêter Isabeau et Bois-Bourdon. Périnet parvient à s'échapper (Acte I). La guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons déchire Paris. Profitant d'une échauffourée, Périnet tente de libérer Bois-Bourdon qu'on torture au Châtelet. Il échoue, et le connétable l'humilie en le traitant comme un serf, lui un franc bourgeois. Bois-Bourdon est jeté à la Seine (Acte II). Libérée par les Bourguignons et régente d'une France dont la moitié seulement la reconnaît, Isabeau dans son exil accepte de recevoir le connétable venu parlementer. En échange de la vie de son amant, que lui promet l'Armagnac, elle signe un traité. Périnet arrive, trop tard, pour annoncer la mort de Bois-Bourdon. Il obtient de la reine un blanc-seing, et promet de lui livrer Paris et de tuer le connétable (Acte III). Le connétable a extorqué au roi la déchéance de la reine qu'il fait proclamer dans un Paris divisé. De nuit Périnet revient chez son père qui garde précieusement depuis vingt ans les clés de la capitale. Au moment où le connétable vient annoncer à Leclerc qu'il le relève de ses fonctions à cause de la trahison de son fils, Périnet prend les clés et ouvre les portes de la ville à Isabeau et aux Bourguignons (Acte IV). Scènes de violence, meurtres, incendies. Le connétable se réfugie chez un bourgeois avec le roi en chemise. La reine les rejoint fortuitement, fuyant un parti ennemi. Le roi retrouve un semblant de raison et exhorte les deux adversaires à la concorde au nom de la France. Survient Périnet mourant qui accomplit sa vengeance. Massacre du connétable (Acte V).

Analyse Cette pièce n'est pas de Dumas. Pour une fois tout le monde s'accorde sur le sujet ! Tirée par Anicet-Bourgeois et Lockroy (le premier collabora souvent avec notre auteur, le second une fois sans doute) de la troisième des Scènes historiques publiées dans La Revue des Deux-Mondes en 1831-1832, très fidèle à l'original - sauf à la fin, quand Périnet "marque" le connétable, dans le récit ce n'est pas lui - , elle n'en est pas moins autant son œuvre que les diverses adaptations de Monte-Cristo que "fit" Maquet, et se doit donc également de figurer dans un dictionnaire des œuvres. Dumas le reconnaît d'ailleurs dans ses Mémoires : "Quoique j'en fusse au moins autant que du Fils de l'émigré, on se garda bien de prononcer mon nom". En 1832, après les scènes d'émeute qui ont suivi les obsèques du général Lamarque, et l'annonce même de son exécution sommaire, Dumas, prudent, s'exile en Suisse. Ce qui explique aussi que son nom ne soit pas cité. La pièce a beaucoup de succès : Mademoiselle Georges incarne Isabeau, et Lockroy, qui est aussi un grand acteur, joue Périnet ; les scènes de rue sont réussies (bien mieux que dans La Tour Saint-Jacques de 1856, tirée elle aussi des Scènes historiques, et qui en constitue comme la préface), et la presse loue l'érudition des auteurs. Mais il manque à l'œuvre le flamboiement romantique que l'on trouve à la même époque dans Charles VII ou La Tour de Nesle, et aussi un vrai premier rôle, que n'assument pleinement ni Isabeau ni Périnet... Personne n'avait lu La Revue des Deux-Mondes, commente Dumas ironiquement, et quand il réunit ces "scènes" trois ans après dans le livre Isabel de Bavière, on cria bien sûr au plagiat ! Il n'y eut qu'une édition de ce drame, chez Barba, l'année de sa création. Sur le frontispice, montrant Isabeau aux prises avec le connétable, le nom du personnage-titre est orthographié "Perrinet Le Clerc", et Dumas, dans ses Mémoires, écrit aussi Perrinet.

François Rahier

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
Haut de page
Page précédente