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Titre Une aventure d'amour

Année de publication 1860

Genre Roman

Collaborateur(s) -

Epoque du récit 1836-1856

Résumé En 1856, une jeune Hongroise de 23 ans, Lilla Bulyovsky, arrive chez Dumas recommandée par son ami Saphir. Artiste dramatique, elle a envie de découvrir Paris avec Dumas pour guide. Celui-ci lui donne des lettres de recommandation, dîne avec elle deux à trois fois par semaine, l'emmène au théâtre et la présente à ses amis.

A la fin de son séjour, sensible à son charme, même si les choses ont été clarifiées dès le début par Lilla, Dumas décide de l'accompagner un bout de chemin. Ils passent ainsi par Bruxelles et Spa où elle se sent tellement nerveuse et souffrante que Dumas se sert de son pouvoir de magnétisme pour la soulager.

Puis ils descendent le Rhin de Coblence à Mayence, voyage pendant lequel ils sympathisent avec une Viennoise. Dumas leur raconte alors l'aventure d'amour qu'il a vécue à Palerme en 1836 avec Maria D.

Enfin, ils arrivent à Mannheim où Dumas se sert de sa notoriété pour introduire Lilla auprès de Mme Schroeder, grande artiste allemande qui l'accueillera comme élève, marquant ainsi la fin du voyage.

Dumas rentre alors en France. Ils ne se reverront jamais...

Analyse Quel charmant roman que voilà! Mais est-ce vraiment un roman? Il faudrait plutôt dire une anecdote de la vie de Dumas, qui pourrait s'insérer dans ses Mémoires qu'il n'a jamais fini d'écrire...

C'est un récit qui nous présente un aspect bien plaisant de la personnalité de Dumas, son «respect et sa reconnaissance» envers les femmes.

Quand elle arrive chez lui, Lilla d'emblée le renseigne sur sa vertu: «j'ai un mari que j'aime et un enfant que j'adore». Les choses ont donc l'avantage d'être claires dès le début. Cependant Dumas a beau avoir 55 ans, son amour pour les femmes n'est pas émoussé, loin de là. Aussi quand il décide d'accompagner Lilla sur le chemin du retour, dans son esprit il a peut-être encore une chance de vaincre cette chasteté. Surtout que les voyages sont propices aux moments de promiscuité et d'intimité (trains, chambres d'hôtel proches ou côte à côte...), mais non rien ne se passera. Par contre, le désir est omniprésent, et on assiste à un véritable jeu de la séduction d'un coté comme de l'autre. On peut dire que le trouble sensuel né de la provocation parfois volontaire, parfois involontaire d'un désir semble quelquefois plus exaltant que la possession en elle-même...

Le souvenir ému que garde Dumas de ce voyage prouve que l'amitié avec une femme peut être une chose formidable et précieuse. Il en est d'ailleurs le premier surpris: «Il est incroyable ce que j'éprouvais de charme inconnu dans ce voyage. C'était la première fois que se présentait pour moi cette étrange situation: de l'intimité sans la possession et de la familiarité sans l'amour».

Quant à «un des plus charmants souvenirs de sa vie», soit l'aventure d'amour qu'il a vécu avec Maria D. en 1836 et qu'il nous confie, que dire de plus que l'auteur si ce n'est que l'émotion transcrite dans le récit est manifeste? Le souvenir de cette aventure dans l'esprit de Dumas est profond et touchant... même si bizarrement (ou volontairement), ils ne se sont jamais revus. Mais l'intensité de cette passion et de ce souvenir aurait-elle été aussi forte s'il y avait eu une suite à cette aventure sicilienne?

Il semblerait que cette femme ait été en réalité Caroline Hungher. Pour une explication complète, on peut se référer au Cahier Dumas numéro 12 rédigé par Claude Schopp.

En tout cas, ce «roman» est un pur régal. Parsemé de souvenirs de paysages déjà traversés (excursions sur le bord du Rhin), mais aussi des souvenirs inédits, ce récit est en fait un mélange d'impressions de voyage et de sentiments éprouvés par  Dumas sur cette expérience d'intimité chaste.

On retrouve aussi une référence à son ami disparu Nerval avec lequel il avait déjà fait ce voyage sur le Rhin et à sa folie naissante qu'il n'avait pas discernée.

Nicole Vougny

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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