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Titre Souvenirs d'une favorite ou Confessions d'une favorite

Année de publication 1865

Genre Roman

Collaborateur(s) -

Epoque du récit 1763-1815

Résumé En janvier 1815, dans une masure près de Calais, un prêtre donne l'absolution à une femme rongée par le remord. Elle laisse derrière elle un manuscrit qui tient lieu de confessions, dans lequel elle essaye de justifier la vie qu'elle a menée et ses mauvaises actions. Elle s'appelle Emma Lyonna.

D'origine modeste, son éducation s'est bornée à quelques mois dans un pensionnat de jeunes filles avant que l'argent ne manque à sa mère. Elle trouve alors une place de bonne d'enfants avant de tout quitter pour partir tenter sa chance à Londres avec une amie d'enfance.

Même si elle rechigne au début à se servir de ses atouts physiques, l'orgueil, l'ambition, l'envie de sorties et de belles choses la poussent à céder à la facilité.

Elle devient donc successivement la maîtresse d'un amiral, d'un jeune lord avec qui elle connaît les joies d'une vie mondaine mais dispendieuse, du célèbre peintre Romney et de lord Greenville. Avec lui elle vit dans l'opulence puis dans la misère jusqu'à que l'oncle de celui-ci, lord William Hamilton, tombe follement amoureux d'elle, au point de consentir à l'épouser.

Devenue lady Hamilton, elle suit son mari ambassadeur d'Angleterre à la cour de Naples où elle devient l'amie intime de la reine Marie–Caroline. En tant que favorite, elle assiste à tout ce qui se passe et influence parfois les décisions que prend la souveraine, véritable dirigeante du royaume, le roi Ferdinand préférant la chasse et la pêche aux affaires d'Etat.

Devant la menace des armées françaises, elle stimule l'attirance qu'a Nelson pour elle et devient sa maîtresse, lui dictant ses volontés qui ne sont que le reflet de celles de Marie-Caroline. Lady Hamilton persuade notamment le célèbre marin de protéger la famille royale et de reprendre Naples aux Français. A cette occasion, elle ne fait pas usage de son influence pour tempérer les répressions contre les patriotes napolitains.

Lorsqu'en 1800 Lord Hamilton est remplacé à son poste d'ambassadeur, Nelson rentre avec les époux en Angleterre. Lady Hamilton a désormais deux vies: une en tant qu'épouse et l'autre en tant que maîtresse reconnue de Nelson avec qui elle a une fille qu'elle cache à son mari.

Mais la mort de lord Hamilton en 1803 puis celle de Nelson en 1805 la font replonger dans la misère jusqu'à sa mort en 1815.

Analyse Emma Lyonna est un personnage récurrent dans l'œuvre de Dumas. Rappelons qu'en tant que favorite et complice de la reine Marie-Caroline, elle est intimement liée aux Bourbons de Naples qu'il juge responsables de la mort de son père, suite à un empoisonnement dans une prison napolitaine.

Elle apparaît d'abord dans Le Corricolo puis dans les Mémoires (chapitre XIII à propos de la captivité du général Dumas dans les prisons napolitaines), dans Souvenirs d'une favorite ainsi que dans La San Felice.

Alors que La San Felice est un roman historique traditionnel, les Souvenirs d'une favorite se présentent sous la forme de mémoires imaginaires. Contrairement aux autres pseudo mémoires de son œuvre (La dame de volupté, Les deux reines, La princesse de Monaco...), Dumas n'a pas fait appel à une collaboratrice mais a rédigé lui-même le texte, s'identifiant donc à une femme.

Paradoxalement, il prend la défense de l'héroïne en lui donnant la parole mais sans pour autant nous faire compatir à son sort. Il faut dire que la seule excuse invoquée pour expliquer sa conduite est d'avoir été victime de sa beauté et de sa plastique parfaite qui lui valaient l'admiration et le désir des hommes comme des femmes, ce à quoi elle n'avait pas la force de résister... De plus, l'auteur insiste sur les talents de comédienne de lady Hamilton, histoire de faire douter encore un peu plus de la sincérité de ses révélations et sentiments.

Ce style de narration est cependant une contrainte pour un conteur tel que Dumas. En effet, il est obligé de se tenir à un point de vue unique, ce qui rend le livre ennuyeux à certains moments. De plus, cela l'empêche de donner libre cours à son désir d'épopée et de vengeance.

C'est pourquoi il enchaîne avec La San Felice (sa publication en France est antérieure aux Souvenirs d'une favorite mais le livre a bien été écrit après), roman dans lequel il reprend les mêmes personnages (le roi et la reine des deux Sicile, lord et lady Hamilton, Nelson) et les met en scène dans les évènements qui secouèrent Naples dans les années 1798-1799. Il a alors toute liberté pour montrer le rôle maléfique de lady Hamilton, comme si, d'une certains façon, il regrettait l'absolution donnée dans les Souvenirs...

Nicole Vougny
© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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