Le maître de
la peinture romantique
Figure de proue de la peinture romantique, Eugène Delacroix (1798-1863)
a fréquenté Alexandre Dumas, au même titre que les autres
grands écrivains contemporains. Sans être particulièrement
étroites, leurs relations témoignent des liens qui unissaient
les différentes composantes du mouvement romantique. C'est avec son
tableau La Mort de Sardanapale, qui fait
scandale en 1827 en rompant avec la tradition classique, que Delacroix s'impose
comme chef de file de l'école romantique en peinture.
Il rencontre à cette époque dans
le salon de l'Arsenal, chez Charles Nodier, des écrivains comme Dumas,
Hugo, Vigny, Stendhal, Gautier, Lamartine, ainsi que des musiciens, parmi
lesquels Berlioz, et des peintres. En 1831, Delacroix présente au
Salon le tableau qui deviendra son uvre la plus célèbre
: La Liberté guidant le peuple.
Deux ans plus tard, le peintre, invité au grand
bal costumé organisé par Dumas, participe à la
décoration de l'appartement de la rue Saint-Lazare et éblouit
les artistes présents en improvisant, en quelques heures, un flamboyant
Rodrigue après la bataille.
C'est la même année, en 1833, que Delacroix effectue un voyage
au Maroc, dans le cadre d'une mission diplomatique dirigée par le
comte de Mornay, d'où il rapporte des centaines de dessins. En 1857,
enfin reconnu, il entre à l'Institut après huit tentatives
infructueuses. Son influence sera plus tard revendiquée par les impressionnistes,
les néo-impressionnistes, les fauves, Maurice Denis, Matisse et Picasso.
Et pourtant, comme le déplore Alexandre Dumas dans une causerie donnée
le 10 décembre 1864, un an après sa mort, « cet
homme, qui aurait dû avoir, au moment suprême, des élèves
plein son antichambre, des amis plein son salon, des soupirs et des sanglots
plein sa chambre à coucher, meurt seul, meurt abandonné, soutenu
dans les bras de son vieux valet de chambre, et les mains dans les mains
de sa vieille gouvernante ». |