L'ami, le rival
Géant de la littérature française du XIXème
siècle, Victor Hugo (1802-1885) a entretenu toute sa vie une relation
suivie et complexe avec Alexandre Dumas. Une relation allant de la plus
vive amitié quand, dans leurs débuts, les deux jeunes iconoclastes
se battent côte à côte pour imposer le théâtre
romantique ou quand, beaucoup plus tard, Dumas soutient Hugo exilé
par Napoléon III, jusqu'à la rivalité agressive quand,
en 1833, l'auteur des Misérables
appuie les accusations de plagiat lancées contre celui des Trois
mousquetaires.
A la fin
des années 1820, Hugo et Dumas sont à la pointe du mouvement
romantique. La première pièce de Dumas, Henri
III et sa cour, déchaîne les passions un an avant la célèbre
bataille entourant l'Hernani de Victor
Hugo. Pendant un certain temps, en fait, les succès de Dumas auront
une fâcheuse tendance, du point de vue de Hugo, à surpasser
les siens propres. D'où des brouilles temporaires, suivies de réconciliations.
L'amitié des deux écrivains devient plus stable après
la prise de pouvoir de Napoléon III. Hugo, exilé politique,
fréquente assidûment, à Bruxelles, Dumas, exilé
pour dettes. Ce dernier rend visite au plus célèbre opposant
à l'empereur dans son exil de Guernesey, et prend publiquement sa
défense en France. A la mort de Dumas, Hugo écrira une lettre
superbe et émouvante à Dumas fils. Les relations entre les
deux hommes ne peuvent, malgré tout, passer pour équilibrées.
Persuadé de sa supériorité littéraire et morale,
Hugo éprouvait sans doute pour le fantasque Dumas un mélange
d'affection et d'agacement. L'admiration et l'amitié que Dumas professait
envers son illlustre confrère étaient certainement plus sincères...
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