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Titre Madame de Chamblay ou Ainsi soit-il

Année de publication 1858-1862

Genre Roman

Collaborateur(s) -

Epoque du récit 1836-1856

Résumé A la mort de sa mère, Max de Villiers reste pendant longtemps désespéré avant de ressentir le besoin de distraction. Il se rend alors chez son ami le préfet Alfred de Senonches. C'est à cette occasion qu'il fait la connaissance de Madame Edmée de Chamblay, venue demander au préfet un service que Max s'empresse de lui rendre. Irrésistiblement attiré par cette femme, tous les prétextes lui sont bons pour la rencontrer de nouveau.

Petit à petit, elle se sent en confiance avec Max et lui raconte les tourments de sa vie: elle est aimée d'amour par un prêtre, l'abbé Morin, assez malveillant pour l'avoir convaincue qu'elle serait damnée si elle se donnait à son mari. Au point que, prise de panique pendant sa nuit de noces, elle a manqué se tuer en chutant dans l'escalier. Elle a ensuite été placée dans un couvent où, heureusement, sa fidèle servante Zoé est restée avec elle pour la protéger des entreprises de l'abbé, puis à la mort de son premier mari, c'est le remariage avec Monsieur de Chamblay. Celui-ci, mari de convenance mais joueur invétéré, dilapide la fortune de sa femme en ne lui laissant rien... Quasiment ruiné, il est amené à vendre les domaines de Madame de Chamblay que Max de Villiers rachète pour se rapprocher de sa bien-aimée.

Cédant à tant de sollicitude et d'amour, Edmée de Chamblay devient la maîtresse de Max. Grâce au don de double vue de celle-ci, ils arrivent à éviter que leur amour soit connu. Une nuit qu'elle pleure dans son sommeil, Max lui fait dire par magnétisme ce qu'elle voit sans qu'elle s'en souvienne à son réveil. Or, comme elle lui a annoncé le jour où elle mourrait, il vit un véritable cauchemar tout en essayant de rester serein...

Le jour en question arrive, un vomissement de sang emporte Madame de Chamblay. Fou de douleur, Max arrive quand même à trouver les ressources pour respecter la promesse qu'il lui a faite: récupérer ses cheveux qu'il aimait tant. Juste après l'enterrement, il rouvre donc le caveau et... miracle: Edmée est vivante! Elle était en fait en état de catalepsie. Morte aux yeux de tous, ils profitent de cette aubaine et quittent la France pour la Martinique où ils vivent heureux.

Analyse Avouons-le: on se laisse surprendre par la fin de l'histoire... Il faut dire que le ton du récit est tellement triste qu'on a toutes les raisons de penser que cela va très mal se terminer pour nos deux tourtereaux. On croit même que notre pauvre Max est devenu fou en entendant la voix de sa bien-aimée dans son tombeau. Mais non, elle est bien vivante! Alors on reprend le début de la narration et on se dit que « oui, peut-être qu'on aurait pu penser que...»

Le procédé de narration est le même que dans Pauline. Dumas commence à nous raconter, puis c'est Max de Villiers et à un moment, c'est même Madame de Chamblay qui prend le relais pour nous retracer la première partie de sa vie. Le résultat pour le lecteur, c'est qu'il est complètement pris dans le récit, même si la chronologie n'est pas toujours respectée.

Une particularité de ce livre qui, comme a pu le dire Dumas lui-même, est composé de "pages arrachées au livre de sa vie" (son aventure avec Emma Mannoury-Lacour), c'est la grande importance donnée à un sujet qui lui est cher, le magnétisme et le don de double vue. Il l'a en effet abordé dans plusieurs de ses romans (Joseph Balsamo, Le comte de Monte- Cristo...) mais il l'a aussi mis en application lui-même comme il l'a raconté dans ses Mémoires, certaines Causeries et dans Une aventure d'amour.

Ici, c'est Edmée de Chamblay qui est détentrice du don de double vue. Max est tellement en osmose avec elle qu'il parvient par le magnétisme à lui faire dire ses visions dont elle ne se souvient pas en se réveillant. Elle a le pressentiment des malheurs à venir (et non des bonheurs). En un sens, ce don est une bonne chose puisqu'il leur évite d'être pris en flagrant délit. Mais tout cela aurait pu avoir des conséquences tragiques: imaginons que Max ait attendu quelques jours pour aller couper les cheveux de Madame de Chamblay dans son tombeau... Heureusement que la providence veillait!

Dans ce roman, on a l'impression que Dumas en profite aussi pour railler la religion et ses représentants. Nous avons en effet trois abbés qui interviennent dans cette histoire, tous différents les uns des autres:

- un très bon qui est tout abnégation et fait tout son possible pour soulager le malheur et la misère humaine...

- un indifférent qui fait son travail en donnant le dernier sacrement à la mère de Max, sans aucun sentiment de sollicitude.

- un bien méchant (l'abbé Morin) qui harcèle la jeune Edmée d'un amour plus terrible qu'une haine. Ce qui tend à montrer que le pouvoir de persuasion d'une personne parlant au nom de Dieu est immense, notamment sur une personne influençable.

En ce qui me concerne, je n'ai pas vraiment aimé ce roman. Certes, il est bien écrit, le récit est intéressant, mais l'on n'arrive pas vraiment à croire aux personnages et à l'histoire. Peut-être est-ce cette fin inattendue qui laisse une impression défavorable...

Notons enfin qu'une pièce a été tirée de ce roman en 1868.

Nicole Vougny

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
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