Jean Renoir Vous êtes ici : Accueil > Vie > Ils ont dit de lui
Page précédente | Imprimer

Jean Renoir (1894-1979) a été marqué dans son enfance par la lecture des aventures de d'Artagnan et ses amis. L'illustre cinéaste, auteur de La grande illusion, raconte comment il se sentait mousquetaire...

J'avais environ dix ans quand je découvrais Alexandre Dumas. Je le découvre encore. Les Mousquetaires réhabilitaient les cheveux longs : on n'imagine pas d'Artagnan avec les cheveux en brosse. Les Mousquetaires n'étaient pas qu'une affaire de cheveux ; c'était avant tout une affaire d'honneur. Sans oser le formuler, je me promenais dans la vie en me disant à moi-même : « Moi, j'ai de l'honneur ». Je déambulais sur les trottoirs du quartier à la recherche d'orphelines à sauver, de voyageurs en danger, attaqués par des bandits que je dispersais à grands coups d'épée. Je répétais intérieurement la réplique de Gauthier d'Aulnay, le héros de La Tour de Nesle, mélodrame d'Alexandre Dumas. Bravant une bande de malandrins, il déclamait : « Dix manants contre un gentilhomme, c'est cinq de trop ! ». Ca, c'était pour l'extérieur, un extérieur d'héroïsme et de grands gestes. A l'intérieur, et pas loin de la surface, je demeurais un parfait froussard.

Jean Renoir
Ma vie et mes films

© Société des Amis d'Alexandre Dumas
1998-2010
Haut de page
Page précédente